Beatrix Cenci

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On observe une dimension tragique dans la pièce Beatrix Cenci. En effet dès le début, comme dans de nombreuses tragédies telles que Phèdre de Racine, le destin de Beatrix , héroïne éponyme, est annoncé : Beatrix raconte comment elle avait vu les sombres projets de son père à son égard au travers d’un rêve prémonitoire. 

On a la mise en scène de nobles, ce qui est caractéristique de la tragédie.

Comme dans toutes les tragédies, Beatrix meurt, étant le personnage éponyme. C’est une similitude que l’on retrouve dans toutes les époques, de Phèdre au XVIIème siècle à Antigone de Sophocle dans l’antiquité.

Cependant, contrairement aux tragédies auxquelles les règles de bienséance dictent de ne pas avoir de morts sur scène, le comte Cenci meurt sur scène.

Enfin, on remarque la présence d’un chœur qui accompagne et raconte d’histoire tout le long de la pièce, élément propre à la tragédie.

Beatrix Cenci nous donne aussi à voir une mise en relation de la beauté et de la laideur.

Le personnage de Beatrix incarne à plusieurs égards la beauté. Elle est vue comme objet de désir pour son père et Orsino. Son corps est mis en valeur dans une combinaison chair qui lui monte jusqu’au crâne.

Aussi belle soit-elle, cette beauté n’est qu’une façade, elle porte une perruque et est enserrée par des gaines.

Ce sont ces mêmes gaines qui la conduiront a sa perte en l’empêchant de s’enfuir quand elle se fera violer par son père. Elle représente donc aussi une forme de laideur par cette enveloppe corporelle, meurtrie, engoncée qui ne semble pas lui appartenir.

Nous pouvons aussi penser à une autre femme qui incarne cette laideur après une beauté passée : il s’agit en effet de la belle-mère de Beatrix qui est décrite comme « pourrie » et laide par le comte Cenci.

Mais leurs valeurs morales sont belles, qu’elle que soit la mise en scène de leurs corps, contrairement au comte Cenci qui semble incarner la laideur dans tous ses états. C’est un personnage abject qui ne semble pas particulièrement beau à l’extérieur non plus. On retrouve ces idées dans la musique qui est parfois stridente pour montrer cela ainsi que par le film montré par le comte : « L’horreur est belle ».

Enfin, Beatrix Cenci fait preuve de choix spécifiques dans sa mise en scène.

Le film « L’horreur est belle » est choisi comme médium pour raconter la mort des deux frères qui a lieu hors scène, comme le veulent les règles de bienséance.

On assiste à une véritable pause narrative dans l’opéra, il s’agit du seul moment qui n’est pas chanté. De plus on peut noter que ces morts, traditionnellement chantées par les chœurs, sont au contraire observées par celui-ci.

Pendant un court instant le chœur devient témoin de l’histoire et non plus narrateur.

Dans la première scène on voit une statue à la façon des statues antiques, ce qui peut nous refaire penser aux tragédies grecques, qui annonce que le corps de la femme sera un thème principal car il est présent lors de la scène d’exposition. Cette statue finira démantelée pour montrer la destruction et la perte définitive par Beatrix de son corps.

Le metteur en scène a choisi d’utiliser un dispositif scénique qui tourne en permanence pendant le premier acte afin de montrer toutes les scènes du palais ainsi que les interactions entre elles.

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